Éditorial 90

Par Fabrice Massé

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Un projet qui en fera encore ricaner certains mais qui devrait se révéler d’une grande pertinence

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Psychanalyse du monde

Sont-ce les effets de la psychanalyse du monde engagée par la joyeuse équipe menée par Laurent Petit ? Trêve au Proche-Orient, amorce d’une solution diplomatique entre Ukraine et Russie, chute du dictateur Assad en Syrie… Ces derniers jours d’automne 2024 laisse en tout cas espérer enfin une année 2025 plus paisible.

Quoiqu’on puisse légitimement douter d’un rapport de cause à effet entre l’intervention virtuelle de l’agence nationale de psychanalyse urbaine (ANPU) dans ces conflits, avouons qu’on aimerait bien aussi qu’elle nous aide à retrouver la stabilité à la tête de l’État français.

Dans l’intervalle, ce sont les territoires de Villeneuve-lès-Maguelone et de l’étang de Thau qui bénéficieront de ces experts en préconisations urbanistico-clownesques.

On pourrait aussi suggérer à l’ANPU de répondre à la consultation internationale qui vient d’être lancée par la Ville de Lodève dans le cadre du programme Quartiers de demain, auprès d’équipes d’architectes, urbanistes, paysagistes. Faute d’avoir intégré dans le périmètre de cette consultation le quartier de la Manufacture nationale de la savonnerie, la Ville risque peut-être de différer encore un peu le vrai réenchantement qu’elle mérite.

L’ANPU n’a jamais accueilli sur son divan la ville de Toulouse. « La ville ne souffre sans doute d’aucune névrose », sourit Laurent Petit… un brin ironique, certes. Il est vrai cependant que grâce à l’agence immobilière coopérative Intercalaire, qui permet d’héberger des sans-abri et à de nombreuses associations de subsister, la Ville sait se montrer résiliente.

Un homonyme du psychanalyste urbain, Sylvère Petit, qui prépare son premier long métrage, entend quant à lui bousculer nos regards autocentrés sur le Vivant. Son film, La baleine, nous invitera à repenser le monde selon une vision inter-espèces. Un projet qui pourrait peut-être encore faire ricaner certains (pas les mêmes a priori) mais devrait se révéler d’une grande pertinence.

Reste que pour interpeller le spectateur et éveiller sa conscience, le cinéma n’a pas son pareil. À Carcassonne, le festival du film politique s’en charge également fort bien.

À défaut, la photographie peut faire sa part : « Les expositions doivent avoir une résonance politique et historique, sinon c’est de la décoration », affirme Gilles Mora qui quitte le Pavillon populaire avec, sans doute, la satisfaction du devoir accompli.

Et s’il faut plus de lumière encore pour imaginer le futur, rendez-vous au Carré d’art de Nîmes. Le monde d’Aleksandra Kasuba est une séance de lumino-théraphie qui compense à coup sûr les affres du moment. Surtout si on ne peut attendre pour profiter des bienfaits prophylactiques de l’ANPU au théâtre Jérôme Savary ou à la biennale Le temps de l’étang, l’an prochain.

Les innovations régionales qu’artdeville vous présente dans ce numéro contribueront-elles à cette ambiance d’espoir, de fêtes, voire de paix ? Souhaitons-le. Elles devraient permettre en tout cas à celles et ceux qu’elles concernent les meilleures fêtes de Noël possible, et en grande pompe, qui sait ?