Rendez-vous annuel de sensibilisation aux enjeux écologiques, le Festival international du film d’environnement – FReDD pour les intimes – est devenu incontournable et essentiel. Une fête était prévue pour ses 15 ans et les bougies soufflées à l’occasion d’une soirée organisée au Metronum, le 10 octobre à Toulouse, en partenariat avec Visions Musicales et Rio Loco. Au programme ? Une projection bien sûr, car le cinéma demeure l’ADN de l’événement. Mais la soirée a pu se poursuivre en musique avec concerts et DJ sets. Si le FReDD reste avant tout un festival de films, il n’hésite donc pas à révéler le travail d’artistes issus de champs multiples de la création, réunis autour de sensibilités communes.

Procurer des émotions
La designeuse matali crasset par exemple, qui a commencé sa carrière aux côtés de Philippe Starck, expose à la Maison des Associations, au cœur du quartier Saint-Agne, une écotopie baptisée « La communauté des cratères ». Installations, dessins, broderies, textes… dessinent jusqu’au 21 octobre un récit engagé contre la destruction de la nature, l’inconséquence industrielle et la prédation des territoires. Le FreDD lui-même se lance dans l’aventure créatrice. Le festival invite, avec le soutien du centre culturel – Théâtre des Mazades, trois artistes toulousains à faire œuvre commune et imaginer une installation immersive. Baptisée « Ce qu’il en reste », cette dystopie inquiète pour mieux interroger les limites de nos écosystèmes.

À la naissance de FreDD, en 2012 au sein de l’Université de Toulouse, un groupe d’universitaires qui souhaitent créer un événement culturel, cinématographique, scientifique et citoyen autour du développement durable. Avec à l’esprit, ce petit truc en plus : choisir le spectacle, le plaisir et l’expérience partagés pour lever l’angoisse, le déni et la tentation de la collapsologie qui traversent la question de l’urgence climatique et ses enjeux. Un mélange d’engagement, de diversité et de solidarité, qui fait le succès de ce rendez-vous jamais démenti depuis.

Prolonger la réflexion
FReDD, c’est donc une médiation culturelle et scientifique, mais aussi un militantisme joyeux et convivial pour parler d’écologie tous azimuts. La programmation, foisonnante et éclectique, ouvre des voies diversifiées pour que chacun et chacune, quels que soient son âge, sa culture et ses envies, puissent réfléchir à la manière d’habiter le monde et imaginer des futurs désirables. Une quarantaine de films documentaires ou de fictions,, courts ou longs, sont projetés dans de nombreuses salles de cinéma, à Toulouse et en région, ainsi que dans de nombreux lieux culturels partenaires.
Curieux de découvrir le portrait choral du mouvement Les Soulèvement de la Terre ? Thomas Lacoste, lui-même, vous présentait cette année et en avant-première son documentaire Soulèvements. Envie de voir comment le cinéma indépendant québécois aborde l’écoanxiété par le prisme d’une comédie romantique ? La projection inédite d’Amour apocalypse d’Anne Edmond, film retenu cette année dans la sélection officielle de la Quinzaine cannoise, était parfaitement indiquée.

Susciter l’action
Au FReDD, réalisateurs, artistes, journalistes, penseurs, scientifiques, chercheurs… unissent leur voix. Trois jurys composés de professionnels au parcours et au regard pluriels pour remettre les récompenses. Marraine de cette quinzième édition, la scénariste et réalisatrice Leïla Kilani évoque ce moment comme une « coïncidence parfaite » entre les préoccupations d’un « monde asphyxié par les replis identitaires, les violences autoritaristes et l’effondrement du vivant » et la mobilisation des citoyens à « agir collectivement ».
Voilà « l’identité spécifique » du Festival international du film d’environnement dont témoigne Serge Regourd, élu et président de la commission Culture, Patrimoine et Langues régionales à la Région. Le FReDD se situe à « l’intersection de deux questions majeures » ; celle de la culture et la promotion de son accès au plus grand nombre grâce à un principe de gratuité quasi-général, en même temps et à la fois celle de la sensibilisation aux questions environnementales alors que le sujet semble évacué des agendas politiques. Alors oui, le FReDD est important, grave et essentiel. Tellement !

 

Vers un marché du film en mode « éco » ?

La nouveauté de ce quinzième FReDD, le lancement d’un marché du film écoproduit. Il fait l’objet d’une table ronde organisée au Conseil départemental de la Haute-Garonne. Le rendez-vous, gratuit et en accès libre, est programmé le samedi 18 octobre à 18h30 sur le thème « État des lieux de l’écoproduction en France et la pertinence de la création d’un marché du film écoproduit ».