
Les créations de Tiffanie Baso découlent toujours d’une rencontre entre l’humain et la nature. Cette amoureuse du design et du bois, formée en ébénisterie à Montauban, passée par la mode et l’automobile, allie mouvement et émotion, forme et matière, esthétisme et artisanat. Depuis la création de Magdeleine Design en 2019, elle s’est fait un nom grâce à sa maîtrise du cintrage du bois, offrant des pièces ondulantes, gracieuses et dynamiques. « J’aime ce matériau depuis toujours et je suis une passionnée de chaises et de toute l’étymologie derrière la notion d’assise, qu’il s’agisse des cultures, des postures corporelles et des émotions véhiculées, explique-t-elle. J’adore travailler le chêne qui a une odeur assez particulière. Le frêne offre des flammages différents et révèle des formes inattendues. Pareil avec le hêtre. La technique du cintrage me permet ainsi de redonner vie au bois et des courbes qui viennent rappeler celles des arbres au cœur des forêts. »

L’Occitanie, de corps et d’esprit
Et l’on ne s’étonne guère. Le travail de cette native de Perpignan, qui a grandi à Reynès dans le Vallespir, est labellisé Made in France. Elle met donc « un point d’honneur » à choisir des plateaux issus des forêts protégées.
La dénomination de son studio lui vient du prénom de son arrière-grand-mère paternelle. « J’ai eu le temps de la connaître un peu. C’est la première personne que j’ai vue partir. Elle était bienveillante et optimiste. Elle représente pour moi un exemple de vie. C’est une connexion forte et importante, tout comme celle de mon père avec lequel je suis proche. C’est aussi mon troisième prénom. Je m’annonce d’ailleurs souvent comme Magdeleine plutôt que Tiffanie. »
Avec une dizaine de pièces à son actif, l’entrepreneuse assure la conception de A à Z, du dessin à la fabrication, et porte un soin particulier au détail. Tout est fait à la main, sans clou, ni vis, ni tissu. Sur commande et sur mesure. Et toujours en collaboration avec des fournisseurs et artisans locaux. « Les talents en Occitanie sont incroyables et humainement intéressants. Je n’ai vraiment pas besoin d’aller plus loin », réaffirme-t-elle en souriant.

Confort et mouvement
Comment naissent ses idées ? De l’observation environnante. « J’ai un regard psychologique sur le monde, j’aime étudier le sujet. Quand je dessine, je commence toujours par une forme en profil, et non de face, afin de lui donner des courbes équilibrées. »
La chaise Slacken, sa première création, met l’accent sur la notion de déconnexion entre l’être humain et le matériau naturel. « J’aime cette recherche d’ergonomie qui rend cette finesse au bois. Le modèle semble fragile. Il fait 45 centimètres de large et épouse le corps. Son allure de rockin’chair vient du cintrage qui lui donne une certaine souplesse. Il ne bascule pas, mais produit un petit rebond. »
De même, le siège SOTO joue sur l’inattendu. Cette pièce réversible se retourne, alternant sa fonctionnalité entre tabouret et fauteuil. « Mon mobilier intègre toujours la notion de formes que je puise dans d’autres cultures, comme ici le bouddhisme. J’aime quand l’énergie devient palpable. »
Tiffanie Baso s’amuse ainsi à troubler la perspective et le ressenti. Moon, tout en rondeur et en arc de cercle, est de cet acabit. À la fois chaise de salon, d’attente et de pose, elle se décuple en plusieurs morceaux, puisant dans l’influence lunaire et la vitalité féminine.

Du design à l’art
Aujourd’hui, Tiffanie Baso continue de voir grand. Elle a quitté son bureau à Reynès pour s’installer dans son atelier-bureau de 100 m² à Perpignan. La capitale parisienne reste plus que jamais en ligne de mire pour ses collaborations et expositions.
Pas plus tard qu’en mai dernier, elle revenait au salon Révélations du Grand Palais et présentait sa première œuvre d’art, Étreinte noire, conçue en neuf mois. « Cette suspension possède en haut une torsion en cuir liée à une chaîne qui relie la structure en rotin torsadé. Je suis sortie ici de ma zone de confort en y mettant mon histoire. Tout vient de mes tripes, ce fut un vrai défi. »
Une veine qu’elle poursuit cette année. Sa nouvelle collection sera dévoilée cet été, reprenant les codes de sa sculpture. Si son amour pour les assises est toujours manifeste, elle y révèle son premier objet de décoration. En octobre, elle exposera aux Rendez-vous de la matière, organisés à Paris par le magazine Formae. Tiffanie Baso ne cesse ainsi de sonder différents territoires pour de nouvelles dimensions qui façonnent sa signature en perpétuelle mouvance.
magdeleinedesign.com
Légendes :
1- Tiffanie Baso sur Slacken, chaise bois design. © Nacer Hamadi,
2- Sculpture « Étreinte noire ». © Marion Saupin,
3- Mistral Gagnant banc chêne © Magdeleine Design