De l’extérieur, difficile d’imaginer que l’ancien garage rue Bazille Balard à Montpellier abrite Saraband, l’un des plus grands, pour ne pas dire le plus grand studio de post-production hors Paris : 300 m2 dotés d’équipements top niveau avec un grand auditorium de mixage (52 m2 avec écran de projection de 5 mètres), un auditorium de pré-mixage et plusieurs salles de montage pour le son et l’image. C’est ici qu’ont été mixés Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand, long-métrage multinominé aux Césars, mais aussi Yannick de Quentin Dupieux ou, dans un autre registre, Les As de la jungle.

Décentraliser le cinéma
À l’origine de Saraband – nom en hommage à la fois au film d’Ingmar Bergman et à la danse endiablée du XVIIe siècle – une rencontre entre Jean Paul Hurier et Gilles Benardeau, tous deux ingénieurs du son et mixeurs au sein de leurs sociétés parisiennes respectives, Purple Sound et Archipel Productions. « Lorsque j’ai rencontré Jean-Paul en 2018, il venait de recevoir le César du meilleur son pour L’Odyssée (film de Jérôme Salle). Ayant une maison à Montpellier, il avait envie de s’extraire un peu de Paris, de décentraliser le cinéma. Même s’il y avait peu de producteurs locaux, la ville était déjà dotée d’un écosystème dynamique, avec notamment France TV, The Yard, l’école ArtFX, l’Esma… je l’ai suivi dans cette aventure, et très vite nous avons été rejoints par Florian Thiebaux (alors directeur technique d’Archipel Productions NDLR). »

Faire un film de A à Z
À la question de savoir en quoi consiste exactement la post-prod, Gilles Benardeau synthétise : « La post-production commence à la gestion et la sécurisation des rushes, ensuite le montage image, le montage des directs, le montage son, le bruitage et les post-synchros puis le mixage et l’étalonnage. » Bref… un processus long, technique et transdisciplinaire. À lui seul le montage son est une étape cruciale dans la fabrication d’un film car il doit être cohérent afin que tout paraisse le plus naturel possible, et prend en moyenne entre 6 à 10 semaines. La force de Saraband est de proposer l’ensemble des étapes, hormis pour l’instant le bruitage. Autres atouts : leur filmographie très complémentaire – Jean-Paul Hurier a travaillé sur des films d’Yvan Attal, Guillaume Canet, François Ozon ou Jacques Audiard tandis que Gilles Benardeau est plutôt spécialisé films d’auteurs étrangers –, leur renommée et leur réseau. Des réalisateurs de renom leur font confiance comme le Chilien Diego Despedes qui leur a confié le mixage de son dernier film Le Mystérieux Regard du flamant rose. Le trio tisse également des liens avec la production locale, notamment avec Les films d’Ici Méditerranée pour un documentaire à venir sur l’écrivain Pierre Loti, et bien sûr avec TAT productions (Toulouse) dont le dernier long-métrage, Falcon Express, actuellement en cours de mixage.

L’implantation très attendue de Pics Studio, futur pôle de cinéma de 60 000 m2 (artdeville n° 84) pour lequel Florian Thiebaux vient d’être nommé à la direction technique, devrait accélérer le développement de Saraband. Les trois associés ont d’ailleurs prévu d’y implanter un auditorium de bruitage. Histoire de boucler la boucle avec une offre globale. Un argument supplémentaire de poids pour rallier à leur cause les professionnels internationaux.

Quelques récentes références de Saraband

La misteriosa mirada del Flamenco, présenté au festival de Cannes et en compétition à Un Certain Regard ; Sages-femmes ; La Couleuvre noire ; Frères ; Les As de la jungle ; Les Complices.