Dans les rues de Toulouse, de petits droïdes en mode semi-autonome suivent à la trace des techniciens Enedis pour les aider à transporter le matériel nécessaire à leurs interventions. À Montpellier, c’est une autre famille de robots qui a pris le contrôle, cette fois pour livrer les commerçants sur le dernier kilomètre. En phase expérimentale, ces scénarios futuristes devraient pourtant faire partie de notre quotidien dès 2023.
À la base spécialisée dans la fabrication d’amortisseurs pour voitures, la société Soben, créée en 2005 à Cahors, a diversifié il y a cinq ans ses activités dans la robotique.
« Au départ il s’agissait de faciliter le travail de nos salariés, puis nous avons présenté nos robots porte-charge à propulsion électrique au CES Las Vegas en 2017. Le succès a été immédiat », raconte Benjamin Talon, dirigeant de Soben et cofondateur de la marque TwinswHeel dédiée aux robots.
Tout s’est ensuite accéléré en 2019 lorsque l’entreprise occitanienne a été sélectionnée par le gouvernement pour participer au projet SAM – sécurité et acceptabilité de la conduite et de la mobilité autonome.
Menée entre la Poste et Stef, leader européen du transport frigorifique, l’expérimentation montpelliéraine entre dans le cadre de l’appel à projet Evra visant à élaborer la réglementation de véhicules autonomes en ville d’ici 2023. « Nous en sommes encore au stade préliminaire de l’expérimentation mais d’ici deux ans, nous aurons finalisé le développement de nos robots, en même temps que la généralisation de la réglementation », projette le dirigeant.

Robotique sociale
Pour l’heure, quatre modèles de robots (dont trois pour la ville et un pour les usines) aux capacités de charge diverses (50 kg, 150 kg et 300 kg) sont entièrement fabriqués dans l’usine de Soben, l’une des premières à s’être lancée sur ce marché. « Même s’ils jouent beaucoup sur le fake et la captation de data, les Américains excellent en IA et les Chinois sont très forts en robotique. Nous essayons de réunir les deux domaines avec des robots beaucoup plus mobiles », explique Benjamin Talon.
Pour sa nouvelle génération de droïdes, la société a travaillé sur l’esthétisme et l’acceptabilité sociale des robots, prenant en compte plusieurs impératifs : rendre l’objet attrayant, compréhensible dans sa fonction, non intrusif et respectant l’environnement immédiat des personnes. Les nouveaux robots ont des “yeux“ et sont dotés de différentes expressions. Ils sont aussi capables de parler, d’entendre.
« Les robots ne sont pas là pour remplacer les humains mais pour les aider, c’est pour cette raison que nos robots ne sont pas dotés de bras. Outre le fait qu’ils éliminent la pénibilité de la phase livraison, ils offrent la possibilité aux commerçants locaux de livrer leurs clients facilement. C’est une manière de redynamiser les centres-villes et de limiter le e-commerce outrageant », affirme Benjamin Talon. Désenclaver les personnes isolées ou en perte d’autonomie, seconder les artisans intervenant en ville, livrer des courses ou des repas… Les petits droïdes, pilotés grâce à la 4G par un opérateur, peuvent s’avérer très utiles.
Soben a déjà livré une quinzaine de robots à des usines ou campus industriels. Une pré-série de trois nouveaux modèles devrait voir le jour cet été avant l’industrialisation en 2022. Soben ambitionne de commercialiser 4 000 robots par an à l’horizon 2026.