C’est une maison pas comme les autres, située au 114 rue de Cugnaux. Une maison de plus d’un siècle devenue résidence artistique. Un projet d’urbanisme transitoire mis en œuvre par l’association Salade Suprême, un collectif de créateurs indépendants en graphisme, scénographie, design, vidéo…
Tiers lieu éphémère
Quentin Lhommeau, Marie Sforzini et Clément Merlin sont les trois têtes pensantes à avoir imaginé Babayaga. Au sein de leur association, ils se sont fixé l’objectif de mettre en place et animer des tiers lieux culturels, à l’instar de Topic, celui qu’ils coordonnent depuis six mois, et qui a ouvert il y a quatre ans aux Minimes. Cela en fait plus de sept que ce désir les anime : « Notre rêve, au tout début, c’était de mettre en place des résidences d’artistes. » Le 8 janvier 2024, le trio récupère les clés de la maison du quartier Saint-Cyprien et le rêve devient réalité. « C’est l’association Sozinho – qui milite pour rendre la culture et l’art accessibles à tous – qui nous a mis en lien avec les promoteurs immobiliers », raconte Quentin, designer de profession. Car, oui, la maison a vocation à être détruite pour laisser place à un immeuble, selon le concept de l’urbanisme de transition qui se développe désormais principalement en ville. En attendant, elle s’est muée en Babayaga et se visite ; des artistes y ont déposé leurs œuvres.
Trois étages, 17 salles d’exposition, un jardin
Depuis le 26 avril, ce nouveau tiers lieu culturel de Toulouse est investi par 52 sculpteurs, graffeurs, peintres, plasticiens, réalisateurs. Ici, l’art se vit sous toutes les formes et sous toutes les couleurs. Cédric Lascours, dit Reso, le fondateur de Mister Freeze, compte parmi les artistes exposés. « On n’avait pas la volonté particulière de sélectionner des artistes toulousains. On voulait juste qu’ils soient impliqués et que leurs projets répondent au nôtre. Que l’entraide prime sur la compétition », confie Quentin Lhommeau. Mais logiquement ce sont majoritairement des Toulousains qui se sont présentés. Entre autres, Marie Sforzini (peintre) et Clément Merlin (graffeur) y exposent aux côtés de Kevin Vella (sculpteur) et Noëlle Camus (sculpture textile). Les visiteurs peuvent ainsi déambuler dans 17 salles d’exposition pour y découvrir des compositions colorées, et pourquoi pas, participer à des ateliers d’initiation artistique (street art, cinéma d’animation, illustration…). Dans les jardins, artistes et passants se retrouvent pour échanger et boire un verre.
Des visites guidées sont également proposées contre 3 à 5 euros et sont réservables sur www.helloasso.com (chercher Salade Suprême).
De la générosité et un bel hommage
Dans le quartier, « tout le monde a suivi le projet ». « On faisait face à des difficultés pour trouver le matériel. On manquait de peinture jusqu’à ce qu’on en récupère des litres, comme ça, grâce à la générosité du voisinage. Pierrette, ça l’aurait éclatée de voir ça », rapporte Quentin Lhommeau. Pierrette ? Elle était l’ancienne propriétaire de la maison. Aujourd’hui décédée, elle suscitait à l’époque de nombreuses rumeurs peu amènes car elle vivait seule. D’où le titre de cet événement artistique éphémère. Baba Yaga est en effet un personnage qui peuple des contes slaves, une sorte de sorcière dont la mythologie a inspiré l’univers fantastique du lieu.
À découvrir d’urgence, avant le 20 juillet 2024, date de fermeture avant démolition !
Heures d’ouvertures : vendredi de 17h à 21h ; samedi de 15h à 21h ; certains dimanches de 15h à 21h
114 rue de Cugnaux – 31300 Toulouse