Un témoignage, un reportage, une performance, expérience immersive… autant d’entrées possibles pour décrire cette malicieuse création de Julie Benegmos et Marion Coutarel. Présentée au mois de novembre dans le cadre de la Biennale des arts de la scène en Méditerranée (initiée par le Théâtre des 13 Vents), on a pu la découvrir au Kiasma de Castelnau-le-Lez (34), au Sorano de Toulouse, dans le cadre du festival Supernova, et au théâtre Molière de Sète.
« Strip, au risque d’aimer ça » ; l’invitation était en effet tentante et les représentations, à Sète, affichaient complet. L’expérience commence par l’entrée des artistes, ses couloirs et ses escaliers où le spectateur s’immerge dans l’ambiance cabaret art déco très cosy, créée tout exprès. Des fragrances ambrées et des voix de femmes captent nos sens, on finit par entrer sur le plateau scénique à rebours. Devant nous, Julie Benegmos commence à nous raconter le casting auquel elle répond pour boucler les quelques heures nécessaires au maintien de son statut d’intermittente. Un théâtre cherche des comédiennes et des danseuses… le Chochotte. La voilà stripteaseuse. Le spectacle alterne témoignages et performances, mêlant réalité et fiction. Des vidéos de strip teaseuses font écho à celles de Nastassja Kinski dans le film Paris Texas de Wim Wenders. Lorsque le public est invité à participer, les rires se font tantôt complices, tantôt gênés. L’intimité du propos, son caractère vécu et parfois très cru, se joue du décalage social lorsqu’il est question, par exemple, d’argumenter un dossier de subvention de la Région, celui du présent spectacle. Enfin, chaque spectateur est invité à faire l’expérience d’une cabine privée. À l’aide d’un casque de réalité virtuelle, on découvre la sensation de devenir l’objet de désir, à 360°.
« Sur une idée “vécue“» de Julie Benegmos, mise en scène et interprétée par elle-même et Marion Coutarel, le spectacle de la Cie Libre court nous ouvre subtilement un regard sur ce monde du sexe ; l’esprit aussi.
Côté coulisses, on n’est pas surpris par la présence de Nicolas Heredia au générique parmi les « regards extérieurs » qui ont aidé à cette création. Son drôlissime spectacle L’origine du monde, également créé avec Marion Coutarel, fut au programme du Printemps des comédiens (artdeville n° 60). Ces deux-là se retrouvent d’ailleurs – et on s’en réjouit – dans À ne pas rater, au théâtre Jean Vilar de Montpellier du 5 au 7 janvier (en co-accueil avec le théâtre des 13 Vents).
Légendes photos :
Julie Benegmos
Marion Coutarel