Tu viens de sortir un 4e album intitulé Les identités remarquables. Comment décrirais-tu ton style et tes influences ?
Musicalement, ma culture c’est la pop et le rock indé. À Paris, j’ai été batteur et bassiste pour des groupes qui ont toujours chanté en anglais. Mais grâce à des musiciens comme La Souterraine, le français underground est revenu à l’ordre du jour, et aujourd’hui je me situe plutôt dans cette veine. C’est la langue avec laquelle j’exprime le plus de choses. Je me rapproche d’artistes comme Bertrand Belin ou Mathieu Boogaerts…
Tu parles souvent d’un album « contemplatif ». Quel a été ton fil rouge ?
Je n’ai pas eu de fil rouge… Hormis peut-être celui de me laisser porter par mes sensations et mes impressions. Avant, j’exprimais les choses de manière plus directe, là, je suis plutôt dans la suggestion.
Les identités remarquables sont une référence aux mathématiques, une matière a priori aux antipodes de l’acte poétique. Mais je suis persuadée que l’ancien prof de math que tu es me contredira…
Prof de math un jour, prof de math toujours ! J’ai fait des mathématiques jusqu’à la maîtrise, et je trouve qu’ils sont complètement poétiques. Dans le titre d’un de ses livres, Cédric Villani reprend une citation de Léopold Sédar Senghor : « Les mathématiques sont la poésie des sciences », et je me reconnais totalement là-dedans. Les mathématiques, ça va bien au-delà de ce qu’on apprend au lycée. C’est la liberté de créer, de se tromper. C’est une démarche très expérimentale et intuitive, exactement comme pour la musique. À l’université, je me souviens avoir ressenti des émotions devant la beauté de certains raisonnements mathématiques…
Tu partages trois titres avec Bénédicte, ton épouse, dont « Orion va-t-en guerre ». Est-ce que ce sont des titres écris spécialement pour votre duo ?
En réalité, je ne me souviens plus très bien du moment où cette chanson est devenue un duo… C’est plutôt : « Tiens, Béné, t’es là ? Essaie de faire ce chœur, essaie de me doubler ! » On avance à tâtons.
Tu partages aussi un titre avec La Féline, qui a un sacré parcours également. Comment s’est fait le rapprochement ?
Depuis le début, je suis super fan. On s’est rencontré sur une scène, on a partagé un même plateau à la Flèche d’or, à Paris. Et puis nous avons beaucoup communiqué sur les réseaux. Cette fois, lorsque j’ai commencé à chantonner le refrain de la chanson « Heureux les simples d’esprit », je me suis dit : « Tiens, c’est une mélodie pour Agnès. » Et elle a accepté. Mais comme elle était très prise, on a fait l’enregistrement à distance. C’est un duo 2.0…
Dès la sortie, tu as eu les faveurs de nombreuses revues spécialisées. Le titre « Orion va-t-en guerre » a été programmé sur Fip et tu figures aussi dans le top 3 des artistes à écouter en 2020 selon le magazine Magic… Tout un tas de gens à la pointe en somme. Que ressent-on à l’écoute des premières critiques ?
Ce que je ressens ? De la joie… Parfois je m’en fous, je suis déjà ailleurs dans ma tête, et en même temps je suis super flatté. Quand le gars de Magic me met dans un top, et que je suis entre Nicolas Godin, En attendant Ana et Octave Noire, qui sont des artistes que j’adore, je me dis que c’est bizarre. Qu’ils vont se rendre compte que je suis un imposteur. J’ai un peu le syndrome de l’imposteur…
Contrairement à ces groupes, tu fais tout de chez toi, à ta sauce, seul ou presque. De l’écriture au piano, de l’enregistrement à la basse. C’est une volonté de maîtriser toute la chaîne, ou un choix pratique ?
C’est un peu les deux. Par moments, ça a été une nécessité, parce que personne sous la main… Mais quand je jouais dans des groupes, j’avais la chance de connaître la camaraderie. J’étais nourri par ça. Et aujourd’hui, j’ai à nouveau envie de me retourner vers les autres, de faire de la basse caché derrière un chanteur.
J’imagine que la pandémie a perturbé tes premières dates…
Oui, j’ai deux émissions de radio qui ont été annulées, sur radio campus et RFI. J’avais un petit showcase à Paris, et un concert à Victoire 2 reporté au 19 septembre… J’ai aussi été sélectionné pour le tremplin Orizon sud, à Marseille, mais on ne sait pas où ça en est. Depuis une dizaine d’années, j’ai l’impression que la situation s’est tendue. Il est devenu très compliqué de trouver des salles, et le Covid n’arrangera rien !
Alors lançons un appel, sait-on jamais : quelles sont les salles que tu rêverais de faire dans le coin ?
Je ne connais pas encore toutes les salles, mais j’aimerais bien jouer au Rockstore par exemple (Montpellier) et au Chai du Terral (Saint-Jean-de-Védas)…
Pour écouter Tristen, rendez-vous sur le site tristenmusic.com. Pour un live, rendez-vous le 19 septembre à Victoire 2 dans le cadre des soirées « I love patio », et le 14 novembre à la Secret place, à Saint-Jean-de-Védas.