Dans une vitrine, trois darwinettes exposent placidement, façon foire aux monstres, leurs corps recouverts de fausse fourrure. Comment l’homme a-t-il basculé vers une humanité peluche, interroge l’artiste plasticienne Elodie Wysocki. Évolution ? Transmutation ? Entre art et sciences, l’exposition Animaux 2.0 confronte une partie de la riche collection du muséum d’Histoire Naturelle (146 000 pièces de zoologie, paléontologie et minéralogie) aux dessins, sculptures et photographies d’artistes contemporains.
« Ce dialogue des artistes avec notre collection, qui sauvegarde des animaux en voie d’extinction, interroge sur les bouleversements environnementaux et leur impact sur l’évolution des animaux et ses hommes, synthétise Coraline Guignard, responsable des collections. Devons-nous naître autrement ? »
Mouches en néon, araignée noire en bronze, créatures hybrides en étoiles, pingouins jaunes clonés, squelette de sirène… le bestiaire investit le muséum pour un voyage à travers le temps, explorateur d’une terra incognita aussi fascinante que déroutante.
Jusqu’au 9 mars 2025, ouvert du mardi au dimanche de 10h30 à 17h30. Entrée gratuite.
Elia Pagliarino et son Ecce Homo
(série les Contes sauvages, encre et aquarelle sur papier marouflé sur tissu, 2015-2017)
« Mes détournements étranges extrapolent l’idée de l’hybridation, mais si j’en use, c’est pour travailler l’esthétique de la métamorphose : « les Contes sauvages » portent en eux la fantaisie des contes populaires, mais ils s’inspirent aussi d’un présent expérimental, celui des recherches sur la génétique et le transhumanisme. »
L’artiste joue ainsi d’une manière audacieuse avec les codes de la société pour troubler notre regard et nous questionner à notre rapport aux changements sociétaux. De l’écorché des planches médicales à la lolita « sandwich », tatouée des marques du capitalisme, voici l’Homme et voici ma nouvelle Ève ?
Laurent Ballesta et sa limule Indicilope
Pour le photographe naturaliste montpelliérain, lauréat du grand prix Wildlife Photographer of The Year, cette limule qui vient de muer est « une créature qui ressemble à un robot. Il y a des armes de dissuasion là-dessus avec toutes ses épines, des périscopes avec des yeux à facettes, plus huit autres petits yeux primitifs comme des caméras de surveillance ».
Source d’inspiration pour des auteurs de science-fiction, la limule produit un sang bleu qui sert à la création de nombreux vaccins. Elle est sur la liste rouge des espèces en voie d’extinction, un demi-million de limules étant capturées pour les entreprises médicales.
Elodie Wysocki et sa Darwinette
(résine et fausse fourrure)
Sculptures mi-femme mi-animale, moulées à partir de modèles vivants, inspirées des mythes du chaînon manquant, les Darwinettes incarnent l’un des grands traumatismes de l’Histoire des Hommes dans une forme folklorique et surtout féminine. Figures étranges, entre monstres de foire et poupées grandeur nature, les Darwinettes inquiètent par leur étrangeté autant qu’elles séduisent.