L’art urbain est-il crédible quand il s’enferme entre les murs d’un centre d’art ou d’un musée ? La question est récurrente mais elle tient une partie de sa réponse avec Parcelle 473, musée d’art urbain ouvert il y a deux ans dans le quartier Malbosc à Montpellier. Tirant son nom de la dernière parcelle agricole en lisière d’un écrin de verdure encore préservé de l’urbanisation, le musée est né de l’initiative de Laurent Rigail, galeriste parisien spécialiste de l’art contemporain et urbain qui souhaitait redonner une nouvelle vie à la propriété viticole de sa famille. L’ancien chai viticole a donc été restauré (200 K€ de travaux financés en fonds propres) pour accueillir une collection permanente et trois à quatre expos temporaires annuelles. Là où s’élevaient autrefois les cuves trônent aujourd’hui des œuvres de JonOne, Nasty, Monkeybird ou encore John Matos Crash. « Ce sont des artistes pionniers de l’art urbain que nous présentons au public mais nous donnons aussi une large place à la scène montpelliéraine et aux jeunes talents, le but étant d’inscrire durablement l’art urbain comme un mouvement à part entière de l’art contemporain », relaie Apolline Montfraix, responsable du musée. Deux croquis originaux de Jean-Michel Basquiat et une sérigraphie de Keith Haring, dernière œuvre réalisée avant son décès, complètent ce fonds d’une centaine d’œuvres provenant de donations ou de prêts de collectionneurs privés et d’artistes.
Côté expos temporaires, le graffeur italien Andrea Ravo Mattoni occupe en ce moment l’espace avec ses reproductions à la bombe de célèbres tableaux de grands maîtres créant un pont entre art classique et art contemporain, entre passé et présent. L’année 2025 devrait être dense avec une exposition consacrée à Banksy (prêt Banksy Modeste Collection), le plasticien Fabien Verschaere en collaboration avec le musée Pompidou et en fin d’année Shepard Fairey et sa marque Obey.

Jeunes talents
Plus qu’un lieu d’exposition, Parcelle 473, qui dispose d’un statut associatif, a vocation à rendre l’art accessible à tous. « Nous menons de multiples actions non seulement vers les scolaires mais aussi les publics éloignés de la culture, les personnes en situation de handicap, le Secours populaire, les jeunes en réinsertion scolaire… indique Apolline. L’idée est de créer des partenariats, des rencontres, une vraie proximité avec le public. »
Aux dires de la jeune femme, le musée avait déjà accueilli l’an dernier 20 000 visiteurs.

Pour faciliter l’accès des artistes à un public plus large tout en leur offrant une plate-forme d’expression et de visibilité, le musée vient d’ouvrir Galerie 473, petit chalet de 30 m2 situé dans l’espace extérieur. Le lieu accueille des expositions d’une durée de six semaines chacune. « La programmation est déjà bouclée pour la moitié de l’année », se félicite Apolline.

425 Avenue des frères Buhler, 34080 Montpellier
Ouvert du mardi au dimanche
www.parcelle473.com

Légende

– Le musée associatif compte près de 100 œuvres, dont une sérigraphie d’Ernest Pignon-Ernest, ici au centre.
– A partir du 22 octobre 2024, Fragments expose son univers synthétique inspiré de l’Atlantide où se côtoient dragons d’eau et pictogrammes. « Mon propos est d’interroger les visiteurs sur les civilisations disparues en raison de cataclysmes ou de guerres, chaque œuvre étant d’ailleurs accompagnée d’une question permettant d’initier un cheminement intérieur », explique l’artiste.