On les avait laissés avec, aux lèvres, une multitude de « Il y aura ». Sarah Grandjean et Yragaël Gervais (Cie La station magnétique) présentaient alors leur projet lors d’un rendez-vous proposé par le Printemps des comédiens, « Warm Up », où artistes et public se rencontrent autour d’un projet. C’était en septembre 2021. Présentés sous forme d’extraits aux décors juste ébauchés, les spectacles sont ensuite discutés, questionnés, débattus.
Les deux artistes montpelliérains annonçaient beaucoup de choses, que leur enthousiasme laissait imaginer. Plus d’un an après, c’est avec curiosité qu’on a découvert La salle d’attente, le 18 mars dernier.

Co-accueilli par le Théâtre Jean Vilar, le spectacle était la première des « Escales Métropolitaines », un temps fort théâtral élaboré jusqu’en juin à Montpellier par L’Atelline, qui le coproduit. Et tous les « Il y aura » sont devenus une réalité, traversée par l’étrangeté. Une fois son ticket d’attente arraché du distributeur placé à l’entrée, on se retrouve dans une « faille temporelle », à l’intérieur d’un globe mi-toile, mi-bois. La narratrice, voyageuse inter espace-temps (Virginie Schell), nous explique que d’innombrables années se sont écoulées depuis que des « poches d’accélération » perturbent le temps qui passe. Nous, qui attendions, sommes en sursis : en dehors de ce lieu salvateur, celui où le temps s’arrête, un pas de côté suffirait à nous condamner à devenir poussière. Comme ce jeune homme à l’arrêt de bus. Aux côtés de celle qui a survécu à on ne sait encore quoi et qui maintenant nous donne les clefs de ce chaos autant mental que science-fictionnel, il scrollait tranquillement sur son téléphone, au lieu d’attendre à temps plein. Il s’est vu devenir squelette. La comédienne explique, et ce n’est pas simple, en convoquant le théâtre d’objets. Puisant dans le décor, archétype de la salle d’attente avec son distributeur de friandises, son ficus souffreteux, sa bombonne d’eau, ses magazines hors d’âge, elle rejoue les saynètes qui racontent le désastre. Magie, illusion, les codes du cirque irriguent aussi la mise en scène. Le ton est badin, les images plutôt charmantes ; les auteur·ices semblent hésiter entre premier et second degré.

La station magnétique, qui depuis presque dix ans développe des projets entre arts visuel, mécanique et numérique, penche cette fois plus pour le « fait mains », en direct et en coulisses. Dans ce spectacle futuriste (il s’agit du monde qui devient fou, qu’on a saccagé), il y a pourtant quelque chose de suranné. Même la table basse, écran interactif, semble sortie du passé. Les « Il y aura » ne sont plus, on a trop attendu. Le temps des « Il faudrait faire quelque chose pour la planète » est depuis longtemps révolu. Sortis de la faille, il sera temps, peut-être de se réveiller. n

Escales Métropolitaines

PISTACOL – Cie Titanos
• Scénographie à fabriquer, porter, propager.
Atelier de création collective
Ven 14 avril, Sam 15 avril – Juvignac

VIVANTS
• Christophe Modica – le Comptoir des Silences
Dimanche 21 mai – Cournonsec

NOS CABANES
• Acétone Cie
Lundi 22 mai – Saint-Georges-d’Orques
Mardi 23 mai – Saint-Drézéry
Mercredi 24 mai – Saint-Geniès-des-Mourgues
Jeudi 25 mai – Juvignac

DE QUEL CÔTÉ SOUFFLE DEMAIN
• La Chose Publique
Mardi 27 Juin – 18h Prades-Le-Lez
Mercredi 28 Juin – 17h Le Crès

PAYSAGES INTIMES #2
• Alexandra Frankewitz
Exposition du 2 au 27 mai – Juvignac