L’Odyssée, qui mieux qu’Ulysse pour nous la raconter ? Ce voyage de rencontres et découvertes a été repensé par les organisateurs du festival Rio Loco. Pour sa 29e édition, les musiques de la Méditerranée se mêlent sur la Prairie des Filtres de Toulouse tandis que les styles et les générations s’entremêlent durant ces cinq jours de festivités intitulés Odyssea. Un moyen de mettre en avant les territoires qui sont « le berceau de notre civilisation » et d’osciller entre « exil et liberté », précise Fabien Lhérisson, directeur du festival et du Metronum.

La Méditerranée, un territoire musical effervescent
Mettre en lumière la Méditerranée, « c’était inévitable ». Ces mots, ce sont ceux du directeur, mais aussi d’Elvire Delagrange, programmatrice du festival depuis deux ans. « C’est un ensemble cohérent que l’on n’avait jamais programmé », explique-t-elle. Jusqu’à présent, les musiques de plusieurs territoires du globe avaient investi la scène de la Prairie des Filtres. Cette année, les voix corses, italiennes, tziganes ou encore orientales prennent place, tandis que les raps marseillais et maghrébin feront le show, au même titre que les créations électro. « On n’a pas voulu se cantonner à un pays. On s’est intéressé à ce qui bouillonne dans l’actualité musicale et la Méditerranée est apparue comme une évidence », confie Elvire Delagrange. À quoi ressemblent les musiques méditerranéennes ? « Ce sont des artistes qui font référence à leur histoire, à la tradition, mais se projettent également sur la modernité », précise Fabien Lhérisson. Pour la programmatrice, elles sont « diverses et plurielles ». C’est ce qui fait leurs richesses. Elles ont néanmoins un fil conducteur : les chants polyphoniques, qui rythmeront le festival.

Six odyssées pour croiser tradition et modernité
Cette 29e édition se fera en six temps. Ou plutôt en six odyssées bien pensées. Pour l’odyssée des voix de la Méditerranée, le poète égyptien Abdullah Miniawy donnera de la voix avec Le Cri du Caire et le trompettiste Erik Truffaz. En écho à ce concert d’ouverture, le festival se clôturera, entre autres, par la rencontre du trompettiste sarde Paolo Fresu et du choeur corse d’A Filetta. Une rencontre entre deux îles pour illustrer cet événement fédérateur.
Le voyage se poursuivra autour de l’odyssée du rap. Ici, les organisateurs ont souhaité mettre en résonance le renouveau du rap maghrébin au rap marseillais. Les générations et les styles vont ainsi se croiser autour d’un plateau intergénérationnel. Tif, RimK, Flenn, El Grande Toto ou encore Soso Maness ont répondu présent.
Sur les lèvres des organisateurs, une star de la Méditerranée revient inlassablement. Dalida aura donc droit à un bel hommage dans l’odyssée des Divas. Barbara Pravi chantera accompagnée d’Aälma Dili, tout comme Luz Casal, iconique voix espagnole des films d’Almodovar. Parmi les divas, Olivia Ruiz fera également son retour après sept ans d’absence sur la scène.
L’odyssée électro plongera les spectateurs dans la découverte où tradition et évolution ne font qu’un. Sur la toute nouvelle scène Garonne, c’est une odyssée toulousaine qui prendra ses quartiers. Rio Loco a souhaité renforcer son soutien aux artistes locaux dont Tiwiza fêtera ses dix ans sur scène. Qui dit artistes locaux et Méditerranée, dit Mouss et Hakim. Les deux membres du groupe Zebda seront présents, aux côtés d’artistes féminines comme Les Héritières. Enfin, l’odyssée des pitchouns prend la main de 600 enfants afin de les mener sur scène. Ils y rencontreront les artistes et participeront notamment à la Valise Rio Loco, un parcours d’éducation artistique et culturelle.

La Prairie des Filtres, « le plus beau site de festival en France »
En 1995, lorsque le Rio Loco prend racine à Toulouse, il ne s’appelle pas comme ça. Garonne voit le jour dans la tête de Claude Nougaro, grand artiste et grande fierté toulousaine. À l’époque, il habitait quai de Tounis, en plein centre-ville. « Il a eu l’idée farfelue d’organiser un festival sur la Garonne pour illustrer ce qu’il voyait depuis la fenêtre de chez lui. Le festival Garonne a vu le jour, mais il ne l’a jamais revendiqué comme tel », explique Fabien Lhérisson. C’est sur la prairie des Filtres, « le poumon vert de Toulouse », que l’événement se joue. « Elle est un écrin parfait pour le festival », qui adopte une démarche écologique. Pour le directeur de Rio Loco, « c’est le plus beau site de festival en France ».

Afin de le sublimer davantage, les organisateurs ont fait appel à Jeanne Massart, une scénographe qui utilise les matériaux recyclés. « C’est une surprise pour l’instant, mais on va mettre ce lieu en valeur », se félicite Fabien Lhérisson. Cette prairie et le public intergénérationnel font la particularité de Rio Loco pour lui. Elvire Delagrange, qui y venait au début comme spectatrice, il y a vingt ans, estime qu’il se démarque par sa programmation riche de découvertes. « On ne fait pas la course aux têtes d’affiche. » Rio Loco, c’est aussi des tables rondes, des expositions artistiques et une aventure gustative intitulée Salsa. Avec Barrio Loco, les festivités se prolongent dans la ville Rose entre mai et juin. Plein de surprises sont programmées, le tout pour un pass 5 jours au prix abordable de 35 euros.
Du 12 au 16 juin – rio-loco.org

Légendes :

Le groupe Tiwiza dans l’odyssée toulousaine.
© Cédrick Nöt

Paolo Fresu et A Filetta dans l’odyssée des voix.
©Andrea Boccalini

Le Cri du Caire dans l’odyssée des voix
© Jamila Campagna

Bedouin Burger dans l’odyssée Électro.
© Diako Yazdani