Danseuse, puis chorégraphe pendant près de trente ans, Muriel Piqué est aujourd’hui artiste-chercheuse, rattachée au laboratoire de recherche PRISM (Perception, représentation, images, sons, musique) au sein de l’université d’Aix-Marseille. Elle s’intéresse « au corps dansant des spectateurs ». Dans le cadre de ses recherches, artdeville lui ouvre ses colonnes.
– Dans cette rubrique, je m’interroge sur la trace qu’une œuvre d’art (spectacle, exposition, performance, etc.) peut générer dans le corps de celui qui la regarde, la perçoit, la reçoit… Je recueille le témoignage de spectateurs, cette fois à l’occasion de l’une des représentations de :
Danse de Nuit
« Comme un commando de danseurs opérant à la frontière de l’espace public, cherchant à tester ses limites, à refléter les contradictions qui le façonnent […] Dans les corps un “état d’urgence” : […] urgence à réinvestir cet espace confisqué par la raison d’État. »
A la nuit tombée, place de l’Europe à Montpellier, spectacle co-accueilli par Humain Trop Humain et la Saison de Montpellier Danse 2017-18.
Réactions recueillies in situ, au sortir du spectacle du 6 octobre vers 23h
Une femme : « Déjà quand ils commencent à dire Bouge Bouge Bouge Bouge BOUGE, là vraiment si on bouge pas, c’est… C’est pas possible ! En plus, ils passent et repassent, ils te frôlent, ils t’entraînent… et, on a envie d’y aller… »
Un homme : « à un moment très particulier, ils (les danseurs) parlent de comment disparaître, faire disparaître son identité… À ce moment, assez vite, ça m’a donné l’impression de vide, de vide, oui ! Pas forcément angoissant mais vide. Au début dans ma tête, j’analysais ce qu’ils disaient de l’effacement, etc., et puis, très vite, c’est passé dans mon corps : une sensation de vide, de solitude comme on peut en avoir là où il y a plein de monde, l’impression d’être anonyme, ça m’a marqué, ça. »