L’Algal est un arbre d’un nouveau genre. Composé de micro-algues, ce dispositif expérimental mis au point par Kyanos Biotechnologies doit permettre de purifier l’air en séquestrant les polluants.
C’est une drôle de structure en acier et bois qui a été plantée en septembre dernier sur les allées Jean-Jaurès à Toulouse ! S’il n’a pas franchement l’allure d’un arbre, l’Algal, du haut de ses 5 mètres, vise pourtant à filtrer l’air en séquestrant le carbone via des micro-algues. Grâce à un système de pompage, l’air ambiant est aspiré par le bas puis remonte en fines bulles à travers une cuve cylindrique où nagent les micro-algues qui ont la capacité de séquestrer le carbone pour le transformer en oxygène. Le principe même de la photosynthèse… Vinh Ly, le créateur d’Algal et fondateur de Kyanos Biotechnologies, estime que l’arbre pourrait purifier 200 000 m3 d’air par an. Il serait alors aussi efficace qu’une centaine de jeunes arbres pour absorber le CO2. Encore au stade d’expérimentation, Algal pourrait être dupliqué à grande échelle dans d’autres métropoles.
Cinq questions à Vinh Ly, créateur de l’Algal
Comment est né ce dispositif ?
Depuis des milliards d’années, les micro-algues ont des vertus de séquestration du carbone ; aussi, nous avons étudié en laboratoire leur capacité à épurer l’air de ses particules fines. Nous avons alors cherché à reproduire ces propriétés puis à les intégrer dans ce dispositif baptisé Algal. Cette expérimentation, menée avec la Métropole de Toulouse dans le cadre de la Smart City, s’est accompagnée d’une concertation citoyenne qui a permis de la valoriser, notamment en rajoutant de la transparence permettant de voir les algues.
Sur quelle période va se dérouler l’expérimentation ?
Le dispositif a été mis en place en septembre et devrait durer au moins jusqu’au mois de juin 2021. Il est en effet important pour nous de voir les différences comportementales des micro-algues au cours des quatre saisons.
Le bilan carbone de la construction d’Algal, en métal et bois, est-il suffisamment bas pour que sa mise en œuvre soit efficace ?
Ce prototype doit justement permettre d’explorer les conditions réelles de sa mise en application. Des critères tels que le bilan carbone de la construction, le recyclage ou le coût des opérations de maintenance seront naturellement pris en compte. Mais la première question à se poser est la suivante : quelle est la capacité de captation de CO2 et de dépollution de cet arbre ? Seule l’étude des données permettra d’évaluer concrètement les vrais impacts. Il sera alors important, pour la construction d’Algal, de trouver des systèmes de financements intelligents (valorisation de la biomasse…) correspondant aux besoins des collectivités
Quand pensez-vous communiquer les résultats ?
Les résultats significatifs ne seront communiqués qu’en fin d’expérimentation. Malgré tout, nous avons un retour continu de données grâce à des capteurs posés sur l’Algal. Aussi, nous travaillons en permanence sur la validité et l’amélioration du système, en collaboration avec différents laboratoires dont le CNRS. Ce calibrage nous aide à améliorer les performances de l’arbre et à analyser son rayon d’action.
L’Algal pourrait avoir, selon vous, la capacité à séquestrer autant de carbones que 100 jeunes arbres, soit une tonne de CO2. Est-ce l’avenir urbain ?
Nous actons pour la dépollution de l’air. L’Algal n’a aucunement vocation à avoir toutes les fonctionnalités des arbres qui font partie de notre patrimoine. Il viendra uniquement en support, nullement en remplacement. Nous essayons juste de trouver des solutions de résiliences vis-à-vis du réchauffement climatique.
À propos de Kyanos Biotechnologies
Spécialisée dans la production de micro-algues, Kyanos Biotechnologies, start-up hébergée à la pépinière Biotech de Toulouse, s’est fixé pour ambition de construire l’alimentation de demain. Elle a lancé ses premières productions de compléments alimentaires basés sur la spiruline ou la chlorelle avant de développer son produit phare, l’algue bleue. Riche en protéines et en antioxydants naturels, ce « pastel d’eau », comme l’appelle son fondateur Vinh Ly, « représente un espoir face aux enjeux alimentaires et environnementaux du futur ».