À la croisée du design, de l’architecture expérimentale et de la sculpture, l’artiste Aleksandra Kasuba tisse une vision utopique d’un futur lumineux organique. Très connue aux États-Unis où elle a émigré en 1947, après avoir passé trois ans dans des camps de transit en Allemagne, l’artiste est une pionnière du tissu extensible dont elle utilise les capacités de morphologie sous tension pour réaliser des habitats souples, tels des cocons rétrofuturistes.
Présentée au début de l’exposition, l’une de ses œuvres phares, Spectrum An Afterthought (1974), immerge le visiteur dans un monde lumineux sans angles droits, un futur tentant d’harmoniser nature, homme et technologie. Cette réflexion spatiale autant que temporelle et sociale, Aleksandra Kasuba la mènera toute sa vie, tissant des liens avec le mouvement Experiments Art and Technology ou avec le programme Art in Science.
Dans les années 70, très bien intégrée à l’intelligentsia new-yorkaise, l’artiste transforme son appartement en laboratoire expérimental censé éveiller l’âme et les sens, venant ainsi enrichir son approche du sensorium humain. Proche du land art, elle emmène régulièrement ses étudiants expérimenter des environnements où bien-être et protection fondent l’identité de ses œuvres.

Habitats utopiques s’intégrant dans des paysages aquatiques, terrestres ou extraterrestres, collages d’inspiration dadaïste, archives, vidéos, photographies… l’exposition nîmoise, conçue chronologiquement, offre une vision kaléidoscopique de son travail et se clôture avec une œuvre majeure, Rock Hill House, sa maison expérimentale dans le désert du Mexique. Pourtant, Aleksandra Kasuba restera toute sa vie attachée à sa terre lituanienne. Elle a d’ailleurs fait don de la plupart de ses œuvres au Musée national d’art de Lituanie, à Vilnius.

Le directeur du Carré d’Art, Jean-Marc Prévost, qui a monté cette exposition dans le cadre de la saison de la Lituanie en France, a eu l’excellente idée de proposer, au second étage, une plongée dans l’univers contemporain de Marija Olsauskaité. Oscillant entre les traditions de l’artisanat et de l’ornement et le rôle social de la sculpture, les œuvres en verre ou silicone de la jeune artiste (35 ans) semblent dialoguer avec celles de son aînée, à l’unisson de réflexions sur le potentiel narratif et émotionnel de l’art.

Jusqu’au 23 mars 2025, Carré d’Art à Nîmes.

Légendes :

1- Spectrum. An Afterthought, 1975 – 2014. Tissu synthétique, lampes au néon, filtres colorés, acier, aluminium, contreplaqué, plastique.
400 x 1056 x 539 cm. The Lithuanian National Museum of Art.
© Egle Zelvyte

2- Aleksandra Kasuba. Rock Hill House. 2002
The Lithuanian National Museum of Art.
© DR

3- Never act in Haste (Baby), 2024.
Verre, charnières.
Vue de l’installation de l’exposition Never Act in Haste, PM8/Francisco Salas.
© Francisco Salas