En 2014, après des années de recherche menées en partenariat avec le CNRS, Sup Agro et l’Institut européen des membranes, l’entreprise Oyas environnement faisait le pari de réhabiliter un système ancestral de micro-irrigation des plantes via des pots en céramique poreux. « Les oyas sont des pots en argile enterrés dans le sol près des plantes et que l’on remplit d’eau. La terre cuite étant poreuse, elle laisse échapper graduellement l’humidité nécessaire. Ainsi les plantes absorbent l’eau dont elles ont besoin tandis que le sol reste meuble et bien aéré », synthétise Frédéric Bidault, directeur d’Oyas environnement (30 salariés). S’appuyant sur un système vieux de 4 000 ans, la société, qui assure être la seule à proposer ce type de solution, a déposé sa marque… mais le mot oyas est en voie de rentrer dans le langage courant, au même type que frigidaire ! Comment cette start-up implantée à Saint-Jean-de-Fos (34), terre des potiers, en est-elle arrivée là ?

Une économie d’eau de l’ordre de 50 à 75 %
Dans son business plan, Oyas environnement imaginait un déploiement majoritairement dans le sud de la France. Neuf ans plus tard, la marque est présente dans toute l’Europe. « Notre notoriété a explosé en 2017 suite à un reportage télévisé au JT de Jean-Pierre Pernault. Puis en 2020, lors de la crise sanitaire nous avons eu énormément de demandes de renseignement sur notre système d’arrosage au vu des exceptionnelles économies d’eau qu’elle permet : de l’ordre de 50 à 75 % ! Après trois canicules successives, il y a eu un véritable engouement pour notre produit », raconte le dirigeant. Pour faire face à la demande tout en restant cohérent à un bilan carbone faible, Oyas environnement a ouvert un second atelier de production dans les Vosges (notamment pour son marché belge et allemand). Un atelier de montage, cette fois à Bruxelles, est en cours de finalisation.

Un kit guirlande
Pour répondre à tout le spectre des besoins en arrosage du particulier – jardins, potagers, arbres… Oyas environnement propose des solutions à enterrer, à planter (pour les plantes d’intérieur, les pots ou les balconnières) ainsi qu’une nouvelle innovation : les guirlandes, réseau d’irrigation 100 % enterré. « Reliées entre elles par un tuyau, les unités de poterie sont branchées à l’arrivée d’eau. Elles se remplissent en moins d’une minute, voire même seules avec un programmateur. Mettre au point cette innovation nous a pris du temps mais grâce à cet arrosage continu, autorégulé et exclusivement racinaire, la diffusion est optimale et favorise une meilleure production ainsi qu’un sol fertile. »

Un modèle pour l’agriculture ?
En croissance exponentielle, la société héraultaise a fait le choix de travailler avec des enseignes nationales en phase avec son éthique. Elle a ainsi passé un accord avec Botanic et elle maille son territoire avec des jardineries indépendantes. La marque est également très prisée des paysagistes, des horticulteurs et des collectivités. Face aux problèmes récurrents de sécheresse, le secteur agricole pourrait représenter un nouveau marché. Mais fabriqués à la main en argile naturelle, les oyas ont encore un prix trop élevé (de 12 à 22 € les modèles à enterrer, de 12 à 30 € ceux à planter et 210 € la guirlande de 8 l). « Il nous faut trouver un moyen de produire à moindre coût sur des surfaces importantes car notre système est plus efficace que le goutte-à-goutte, constate Frédéric Bidault. Mais pas question de faire fabriquer au Maghreb ou en Chine, notre production doit rester française. La solution passe peut-être par l’axe politique, avec pourquoi pas une baisse de la TVA ou des aides. La réflexion est amorcée, il nous faut montrer que nous apportons une vraie valeur ajoutée en termes d’économie d’eau mais aussi d’engagement social et solidaire. Nous avons d’ailleurs créé en 2020 un pôle RSE, tous nos salariés et nos prestataires principaux sont actionnaires de l’entreprise et nous avons opté, avec succès, pour la semaine de 4 jours (payée 5 – NDLR). Nous sommes devenus une entreprise modèle dans le sens citoyenneté du terme. »
Dans l’intervalle, les contrefaçons proposées sur les réseaux se multiplient de façon virale.
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