C’est la première fois que la programmation cirque est aussi riche à Montpellier. 15 spectacles cette saison, 30 représentations, sont à l’affiche au domaine d’O et au moins autant lors du festival « La Métropole fait son cirque », du 14 novembre au 10 décembre.

A la manœuvre au domaine d’O, Laurie Quersonnier, directrice artistique de la discipline, bien déterminée à montrer que la création circasienne contemporaine use d’un vocabulaire original.
Émancipé depuis les années 80 de son image rouge, jaune et paillettes traditionnelle, l’art total qu’est devenu le cirque métisse les formes, mélange les genres et puise dans des registres aussi variés que n’importe quelle autre discipline de l’art vivant. Politique, féminisme, actualité en général inspirent désormais la poésie, l’humour et le trash des spectacles où la recherche formelle reste fondée sur l’acrobatie, l’équilibre, le jonglage…
Mais exit le dressage, en tout cas dans les choix de Laurie Quersonnier : « Je suis persuadée que le dressage disparaîtra, comme un jour la tauromachie ou la prostitution », prophétise-t-elle.
D’ici là, les spectacles qu’elle a retenus « pour chavirer le public » alterneront dans « un parcours » aux expressions les plus engagées et aux formes les plus spectaculaires, aussi bien internationales (Australie, Belgique, Québec) que nationales.

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Reflets dans un œil d’homme, de la cie Le diable au corps – © Christophe-Payot

La saison du domaine d’O
Élégantes, par exemple, la comédie The Elephant In The Room, du cirque Le Roux venue de Montréal et Bruxelles. Mais on a dit pas de dressage ! Plutôt « des facéties désopilantes, du champagne et une ambiance années 30, un bijou », promet le programme (le 21/11).
Féministes sont les spectacles Reflets dans un œil d’homme (le 19/01) et Projet.pdf (comme Portés de femmes), les 29 et 30/03. Le premier, de la Cie Diable au corps, interroge notamment par la nudité des interprètes. « Une femme libérée peut-elle vivre sa sexualité sans attirer la réprobation ? », résume Laurie Quersonnier. D’autres aspects du genre féminin sont explorés par les 17 interprètes de Cartons production, le second spectacle : l’accouchement, l’allaitement, la sensualité…
« Les soirées cirque sont l’occasion de créer du lien entre spectateurs », explique encore Laurie. Ainsi, la saison du domaine d’O propose-t-elle des soirées où sont joués deux spectacles. Saut et Ball-trap, par exemple (les 16 et 17/12), se succéderont alors qu’un entracte fournira en effet l’opportunité de cette convivialité.
Des « focus » sur la magie nouvelle sont au programme : Évidences inconnues de la Cie Rode Boum qui met à rude épreuve les nerfs des cartésiens en évoquant la mystérieuse synchronicité de certains événements (les 16 et 17/11). Incrédules ? Tentez alors une expérience de mentalisme. Je clique donc je suis de la cie Le Phalène qui vous recommande de laisser allumé votre portable. Mais gare « au meilleur des mondes » que ces connexions téléphoniques magiques font entrevoir !
Bien d’autres rendez-vous sont à découvrir et la plupart – tous ? – donnent envie de les caler dans son agenda.

La Métropole fait son cirque
La Métropole fait quant à elle son cirque dans cinq communes : Cournonterral, Grabels, Jacou, Vendargues et Montpellier. La programmation est celle de la Verrerie d’Alès, pôle national cirque d’Occitanie, en collaboration avec le centre des arts du cirque Balthazar.
L’ambition « se veut d’abord une invitation à la fête pour les petits et les grands », annoncent les organisateurs.
à noter Manipulation poétique, de la compagnie Raoul Lambert, qui prospecte l’art du doute et donnera quatre conférences ensorcelées gratuites dans les médiathèques (pour le reste de la programmation, compter 5 €*).
Starsky Minute de la compagnie La Dépliante et Mule du collectif à Sens Unique promettent également de belles rencontres.
* et la gratuité pour les – de 12 ans.
www.domaine-do-34.eu
www.montpellier3m.fr

Occitanie terre de cirque

Laurie Quersonnier, programmatrice cirque au domaine d’O, nourrit pour sa discipline des grandes ambitions.
À l’instar de ce qui se passe à Auch – avec le festival Circa qui s’achève à peine – et Toulouse, où le lieu de création la Grainerie et l’école le Lido triomphent, la jeune femme aimerait donner une plus grande place au cirque dans la métropole montpelliéraine. À commencer par une association avec le célèbre festival québécois, Montréal complètement cirque ; pendant dix jours, toute la ville nord-américaine vit au rythme facétieux des artistes. « Ils sont d’accord : “Laurie, on est complètement avec toi“», imite-t-elle avec l’accent, fixant le rendez-vous dès la fin 2018. Et en bouquet final, « un réveillon sous la pinède du domaine d’O », anticipe celle qui postule à la direction du lieu.
Mieux, Laurie Quersonnier milite pour la candidature de Montpellier au titre de Capitale européenne de la culture : « la politique de la Métropole pousse actuellement dans ce sens ; nous venons d’être finalistes des trois « meilleures villes culturelles émergentes », avec Tong Li et Athènes », argumente-elle. Le cirque contemporain devenant, bien sûr, un ferment essentiel pour atteindre cet objectif.

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