Le MOCO accueille en effet jusqu’au 5 février 2023 des œuvres issues de trois collections hors les murs : celle du musée international de la résistance Salvador Allende (MIRSA), celle du musée d’art contemporain de Sarajevo, Ars Aevi, et enfin celle rassemblée pour le musée national d’art contemporain de la Palestine. Et pour cause : les murs en question n’existent pas ou plus.

Pour le premier, la collection a été constituée par des artistes en résistance au pillage et au démantèlement par Pinochet, en 1973, du musée de la Solidarité, créé par l’ancien président chilien assassiné, Salvador Allende. Elle est visible aujourd’hui au Mirsa. La collection de l’association Ars Aevi procède, elle aussi, d’un même mouvement de résistance lors des quatre années de guerre civile en Bosnie-Herzégovine, notamment à Sarajevo. Il s’agissait pour un groupe d’intellectuels de répondre à la violence par l’art suite à la destruction de deux lieux culturels de la ville. Aujourd’hui, le musée Ars Aevi y a ouvert ses portes. Quant à la collection pour la Palestine, sa constitution préfigure ni plus ni moins celle du futur État palestinien, pour peu que la reconnaissance universelle de cet État advienne, dans un futur assez proche. « Le musée sera alors installé à Jérusalem-Est », prédisait le poète, essayiste et historien Elias Sanbar, ambassadeur de la Palestine auprès de l’Unesco, lors de la visite de presse. « Dans une vie quotidienne cauchemardienne, l’art n’est pas un luxe […] la poésie est la forme suprême de la politique », ajoutait-il. Pour l’heure, c’est à l’Institut du monde arabe que la collection pour la Palestine est hébergée.

Cette exposition au MOCO est donc « clairement politique », explique Numa Hambursin. Dans les premières salles, un avant-propos historique ouvre ainsi sur « l’impact militant et politique de l’art et sa force d’opposition face à la barbarie », avec une reproduction de l’œuvre qui sans doute en parle le mieux : Guernica, de Picasso.
Il y est aussi question de La Joconde qui se réfugia un temps dans la région, sous l’occupation nazie. Des œuvres d’artistes ukrénien.ne.s sont également présentes, alors que l’exposition a été programmée avant la nouvelle invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022.

Dans les étages suivants de l’hôtel Montcalm, on découvre sur les cartels les noms Boltanski, Calle, Gragg, Cartier-Bresson, Doisneau, Calder, Vasarely… bien connus des amateurs d’art. Gérard Voisin et Ernest Pignon-Ernest en font partie : le rôle majeur que ces deux grands artistes ont joué dans la constitution de ces collections, au côté d’Elias Sandar, sera désormais mieux connu.
L’exposition Musées en exil est placée sous le patronage de l’Unesco.

Commissariat de l’exposition : Vincent Honoré, directeur des expositions, Pauline Faure, curator, assistés par Ashley Marsden.
Du 11 novembre 2022 au 5 février 2023 au MOCO, 13 rue de la République, Montpellier. Tarif sans réduction : 8 euros. Gratuit le premier dimanche du mois.

Tony Cragg, Quarry (1990)
collection Ars Aevi, Sarajevo.

Christian Botlanski, Théâtre d’ombres (1994)
collection Ars Aevi, Sarajevo.

Dimitri Prigov, Couragous Teddy Bear (1998)
collection Ars Aevi, Sarajevo.