Parce qu’il est trop vieux, qu’il est autodidacte et parce que son entreprise a déjà quelques heures de vol, dit-il, Loïc Pochet ne coche pas les critères pour obtenir toutes les aides qu’il sollicite. Si l’on ajoute que son franc-parler n’est pas non plus son principal atout, on ne peut que saluer la performance. Celle de la société Pochet Aerospace et son projet sympathique d’hydravion Morgann qui vient d’intégrer la nouvelle pépinière d’entreprises de Sète Agglopôle, Flex, inaugurée en février 2023. Si la levée de fonds escomptée fonctionne (échéance fin juin), Loïc Pochet entend construire le premier prototype sur les rives des canaux sétois avant Noël 2023.

Rupture technologique
Son atout principal : l’absence d’innovation… ou presque ! « Toutes les parties qui composent l’appareil existent déjà et ont fait leurs preuves. La rupture technologique vient du fait de les assembler de cette manière », explique Loïc Pochet. Et il faut dire que le design est convaincant. Grâce à des foils rétractables, l’hydravion pourra sortir de l’eau plus rapidement qu’avec des flotteurs traditionnels et donc décoller beaucoup plus vite. Ses ailes rétractables, dont les premiers modèles ont été construits pendant la Seconde Guerre mondiale, lui permettront d’apponter à n’importe quel quai, tandis que le moteur à hélice réversible lui permettra de manœuvrer facilement, d’avant en arrière.
D’abord alimenté d’une carburation classique à essence, il est prévu pour fonctionner à l’hydrogène.
Un train d’atterrissage (avec des roues !) également rétractable autorisera l’accès à des aérodromes à 1 000 km de distance, pour 4 personnes à bord, 60 kg de bagages et à une vitesse de 210 km/h de nuit comme de jour.
Comme l’exige le marché américain, un parachute sera déclenchable automatiquement en cas de malaise du pilote. Derniers points forts, les sièges copilote et passagers seront amovibles et permettront au Morgann d’être potentiellement utilisable à des fins de secours sanitaire.
«L’Océanie est intéressée par cette fonctionnalité », développe M. Pochet.

Alors, certes, c’est un hydravion, mais pourquoi Sète et non Toulouse et son pôle aéronautique de notoriété mondiale ? Parce que, bien sûr, la zone littorale est plus porteuse en termes de marché alors que l’usage de l’hydravion y est curieusement quasi absent. Malgré les nombreux plans d’eau et la densité, voire la saturation, des autres modes de mobilité.
Sur l’impact écologique en revanche, on peut douter de la pertinence de développer cette offre au-dessus des étangs littoraux, hotspots de biodiversité. Pourtant, une société de recherche scientifique locale, spécialisée dans l’évaluation environnementale et les études d’impact écologique, semble sur le rang pour acquérir un appareil.
https://pochet-aerospace.fr

Légendes photos

– De droite à gauche : Loïc Phochet, François Commeinhes, président de Sète agglopole, et Jean-Guy Majourel, 1er vice-président, lors de l’inauguration de la pépinière d’entreprises Flex