Dans son plan de relance économique, le gouvernement annonçait fin mai vouloir favoriser les « véhicules propres, qui émettent le moins de CO2 » et « donner un vrai coup de pouce » aux modèles électriques. Il appelait à la localisation de leur fabrication en France. Or, dans leur écrasante majorité, les aides promises restent encore fléchées vers l’automobile et incluent les véhicules thermiques. Il existe néanmoins en Occitanie des constructeurs qui pourraient bien s’inscrire dans ce plan de relance, et par une mobilité peut-être plus écologique.

La PGO écolo d’Alès

Les élèves de l’école des Mines d’Alès* ont mis au point dès 2012 un prototype électrique à partir du modèle Héméra du constructeur automobile alésien PGO. Leur innovation : des moteurs électriques qui résistent à de grandes intensités malgré leur faible voltage, 96 V au lieu de 500 pour des véhicules classiques. « Ce fonctionnement en basse tension, donc sans risque, représente un atout considérable pour la maintenance d’un modèle de série potentiel », explique Patrice Riou, enseignant de l’école. Hybride, le prototype dispose d’un petit moteur alimenté au bioéthanol qui fait office de générateur lorsque les batteries sont trop faibles. Mais l’IUT des Mines ne s’est pas arrêté là. Une partie de la carrosserie, portières et écopes latérales, confiée aux bons soins du Centre de formation des apprentis d’Alès, a été réalisée à partir de fibres de lin et de résine biosourcée. L’habitacle est quant à lui en tissu de liège et les pneus en caoutchouc et huiles d’agrumes (marque Yokohama BlueEarth). Ils diminueraient de 80 % la quantité de pétrole nécessaire à leur fabrication et présenteraient une faible résistance au roulement (-18 %).
Chez PGO, développer un tel modèle même en petite série n’est pour l’heure pas d’actualité, mais « on y pense », admet Thierry-Yves Philippe, directeur. « Comment y aller ? Quand y aller ? », tel est son questionnement. PGO sort actuellement deux véhicules « traditionnels » par semaine. Appréciés des amateurs de cabriolets sportifs, notamment le modèle Cévennes, ils sont commercialisés autour de 65 000 euros.
La société est restée ouverte pendant toute la période de confinement. Elle a connu quelques déconvenues par le passé, mais s’en est sortie. La prudence est donc de mise. Fier que son équipe ait participé à la réalisation de ce prototype, M. Philippe a reçu les honneurs du Prince Rainier de Monaco et du ministre de l’écologie de l’époque, François de Rugy. C’était lors des Rencontres internationales des véhicules écologiques**, en juillet 2019, au Pôle mécanique d’Alès. PGO ne souhaite pas demander d’aide de l’État ni de la Région. Et la nouvelle version Héméra électrique GTE, qui devrait être présentée prochainement, n’intégrera pas le même souci écologique, notamment dans sa carrosserie et sa sellerie, puisqu’elle sera dédiée à la compétition. Dommage. À quand des grands prix qui valorisent les écuries d’un bonus selon ce critère ?
www.pgo.fr
* au sein de l’association Cévennes Car Club, présidée actuellement par Félix Demangeau. ** e-RIVE en visioconférence – Mardi 7 juillet 2020 – Intégrer la mobilité durable dans le plan de relance français et européen.

Flottes de trottinettes made in Gard

Airlab industrie assemble et fabrique une gamme de trottinettes électriques urbaines depuis son atelier de Nîmes (Gard). Lancé en 2016, son modèle Lab’Elle est connecté grâce à une application mobile, une batterie lithium régénérante et un panneau solaire intégré. Des finitions bois et cuir et un plancher en hêtre personnalisable lui donnent un côté haut de gamme, écolo. Conçue comme une réponse de micromobilité « aux problématiques de la pollution, des nuisances sonores et de la surpopulation automobile » selon son président Arnaud Porée, elle permet de parcourir entre 25 et 35 km à une vitesse allant jusqu’à 25 km/h. Elle est également dotée de freins électriques à disques régénérant jusqu’à 30 % la batterie. Grâce à une valeur ajoutée de + de 50 %, intégrant poignée de portage et house de transport, Lab’Elle peut se faire valoir du label Made in France. Comme le moteur, le châssis est chinois. « Pour un problème de cintrage, on ne peut pas le fabriquer en France. Il faudrait concevoir un moule dont le prix est d’environ 50 000 euros. Dissuasif. » Quant au moteur, « à part Leroy Somer, il n’y a personne. » Et là encore le coût serait trop élevé.
Airlab se développe désormais vers les grandes entreprises et les collectivités locales pour leur offrir une solution de flottes et stations de trottinettes en libre-service. Via son application Trivia, un abonnement incluant l’entretien, les casques et l’assurance, la société gardoise propose de 3 à 12 trottinettes – ou vélos – à la location. Compter environ 100 euros par unité.
airlab-industrie.com

Colibus livre le dernier km

Le concept à l’origine de Colibus était aussi audacieux que sympathique : créer un véhicule en kit, selon le modèle du géant suédois du meuble. Pilotable sans permis et sans portière puisque prévu pour l’usage exclusivement urbain de la livraison du dernier kilomètre, ce premier véhicule a cédé la place depuis à un modèle plus rationnel. Ses usagés n’ont plus besoin de le monter et il peut désormais rouler partout !
Conçu et assemblé à Auch, le Colibus a été pensé dès le début pour une motorisation électrique. Grâce à son châssis breveté, une structure en mousse prise en sandwich entre deux plaques d’aluminium, l’engin est très léger (entre 500 et 890 kg), ce qui lui permet de porter des charges plus importantes. L’espacement entre l’essieu avant et arrière est également réduit : « Pour un utilitaire, on a l’empâtement d’une Clio, souligne Bruno Viath, directeur de Colibus. Cela permet des demi-tours plus faciles dans les rues étroites. » À volume de chargement égal, le petit camion électrique n’a tout simplement pas de concurrents. « On se tient debout dans la caisse sans problème », ajoute M. Viath.
Concevoir la caisse dans un matériau biosourcé « en bambou, pourquoi pas ? », acquiesce Bruno Viath, mais les obstacles lui semblent insurmontables. Rien que « pour l’homologation et l’épreuve du crash test, il faudrait accepter de détruire au moins trois véhicules. » Et même avec un soutien financier du secteur public, cette transition écologique resterait compliquée. « Le marché est encore frémissant. Tant qu’il n’y aura pas obligation à rouler à l’électrique, notamment en centre-ville… »
Commercialisé dans toute l’Europe en versions 5,5 à 8 m3, « sec » à 41 000 euros ou « frigorifique » à 52 000 euros, il existe également en formule foodtruck à un prix variable selon les aménagements souhaités.
www.colibus-ve.eu

Vélo hybride ThirtyOne

Parce qu’il est convaincu « que concevoir et assembler des vélos en France n’est pas une utopie », Christophe Baeza s’est lancé. Un mur l’avait littéralement stoppé dans la pratique de sa passion, le VVT, l’handicapant d’un bras. Mais il a su convertir ce coup du sort en opportunité. ThirtyOne, comme les chiffres du département où sa société est installée, voit ainsi le jour, en 2013, et l’année suivante, le 1er vélo électrique français en libre-service.
« J’ai toujours milité pour le local », affirme Christophe Baeza. Conçus dans ses bureaux à Toulouse, les vélos sont assemblés à Saint-Gaudens par cinq personnes « à partir de pièces à 65 % européennes. Le cadre, le savoir-faire et les machines viennent de Taïwan. Ce sont les seuls capables de fournir pour les grosses séries », précise-t-il. Mais les roues sont bien fabriquées localement.
Distinguée à plusieurs reprises, l’entreprise ne s’endort pas sur ses lauriers. En janvier 2019, ThirtyOne sort le per vélo électrique qui se recharge à la décélération. Une innovation qui tombe à pic, alors qu’en la période, la petite reine conforte son rang parmi les solutions post-confinement lié au Covid-19. « J’aurais préféré un autre contexte, mais c’est vrai, le vélo est le grand gagnant. » Partant d’un chiffre d’affaires de 350 000 € – le modèle Debut Hybride est à 2 659,00 €, M. Baeza prévoit de doubler ce résultat pour 2020, avec en ligne de mire les promoteurs immobiliers dont l’offre de logements collectifs inclut désormais souvent une flotte de vélos partagés. ThirtyOne leur propose ses services qui
incluent l’installation d’une borne de recharge.
Membre du cluster Vélo Vallée, qui regroupe les acteurs de la filière en Occitanie, la société de Christophe Baeza contribue également à la réflexion autour d’une industrialisation de son activité, notamment en partenariat avec Airbus.
thirtyone.fr

L’eTricks, cyclomoteur pour la ville et la campagne

L’histoire d’eTricks a démarré à Alès (encore ) où le premier prototype a été conçu. Deux passionnés de motos trial, Marc Teissier et Andreu Codina, ont peut-être pensé que leur loisir favori serait tout aussi agréable sans nuisances sonores et pollution atmosphérique. Quoi qu’il en soit, les études commencent en 2007 et fin 2009, le premier cyclomoteur électrique voit le jour au sein de la société SEV Electric Vehicles ; il ne pèse que 36 kg. Dans le cadre, une batterie de 16 Ah en lithium polymère le dote d’une autonomie de 25 km. Grâce notamment à son design réussi et 5 nouveaux modèles plus performants, en 2011, l’eTricks fait sensation. Et remporte la médaille d’argent du concours Lépine en 2013 !
En 2015, le groupe RGM reprend les activités de SEV Electric Vehicles et poursuit la commercialisation des deux-roues eTricks avec l’avantage de pouvoir produire dans son usine EMI de Brassac-les-Mines, près de Clermond-Ferrand, plusieurs pièces telles que les lignes de traction, les guidons, les centrales clignotantes et autres moyeux. Temps de charge : 4h30 avec chargeur standard – 2h30 avec chargeur rapide, autonomie jusqu’à 50 km (et 90 km avec batterie optionnelle), prix
4 499 €.
www.etricks.fr