C’est par une inauguration participative et festive que le musée Henri-Martin a rouvert ses portes, le 6 mai dernier. Et ce fut un succès : « près d’un quart de la population de Cahors était présente, selon Annette Castel-Gay, chargée de la communication de la Ville. On a tous été surpris. Il faisait très beau, on a été envahis ! »

Ouverture participative
Quoi qu’il en soit, il est vrai qu’après six ans de fermeture (études, travaux, covid) l’évènement était attendu. Et bien préparé, semble-t-il. Les artistes Chantal Perret et Laurent Maciet, à la demande de la municipalité, avaient été chargés de mobiliser les cadurcien-ne-s. Le public a donc répondu avec enthousiasme aux rendez-vous fixés par les artistes, autour d’ateliers de sculpture et la réalisation collective d’une fresque ; par la programmation de trois jours de festivités dont une déambulation dans la ville. La Reine du Danemark elle-même a apporté sa contribution ! Elle qui jouit d’un domaine viticole sur le territoire de la commune, a en effet confié à la Ville pour l’occasion une sélection de ses œuvres. Oui, Sa Majesté est aussi artiste. Ses peintures, broderie, costumes de scène… seront exposés au musée du 15 juillet 2022 au 5 mars 2023.

Le musée de Cahors possède la plus importante collection publique d’œuvres du peintre postimpressionniste, natif de Toulouse (1860-1943) dont Henri Martin emprunte le nom, avec plus d’une cinquantaine. Malheureusement, les grands formats, dont les décors La Fenaison (prêtés par le musée d’Orsay) et le triptyque Monument aux morts, n’y trouvaient pas leur place faute d’espace de la hauteur nécessaire. L’agrandissement du musée a rendu les choses possibles. Une nouvelle aile créée par les architectes Franck Martinez et Laurent Beaudoin dote l’ancien palais épiscopal concordataire de 1800 m2 supplémentaires, soit une salle de 9 m au plafond en incluant une autre suspendue. La façade Est, entièrement vitrée, offre quant à elle une agréable vue ouverte sur le parc, sur les deux niveaux ; l’ensemble des pièces du musée ayant été par ailleurs recomposé.

Rachel Amalric, directrice du musée, devant la Vénus de Capdenac qui a inspiré un des ateliers participatifs

Sujets sensibles
Outre ses pépites comme la Vénus de Capdenac, du néolithique, plus ancien objet du musée – elle a inspiré un des ateliers participatifs ; la statue du dieu Rongo (XIXe siècle), trésor national originaire des îles Gambier ; un abondant ensemble de caricatures, documents, objets, peintures et sculptures relatifs à Léon Gambetta, natif de la ville… près de 11000 objets composent la collection.
Pour les premiers mètres de parcours de référence, Rachel Amalric, directrice du musée, n’a pas hésité à aborder d’emblée le sujet sensible de la spoliation d’œuvres d’art à leurs propriétaires juifs par l’armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Rebecca à la fontaine, de l’atelier de Véronèse, est l’une d’entre elles. « Elle est exposée au musée afin de favoriser l’identification de ses ayants droits» explique Mme Amalric. Au mur, un texte explicatif et pédagogique joue ce rôle. D’un geste tout aussi déterminé, la conservatrice a également choisi d’exposer juste à côté le tableau d’Adolphe Brune (1802-1875), Joseph, le nègre, questionnant cette fois le débat d’actualité sur la « cancel culture ». Bravo.

• Exposition inaugurale : Paysages inattendus de Nadia Benchallal

Une exposition sur différentes facettes du Lot, ce petit territoire aux valeurs humanistes qui relie les Hommes, dans le respect d’un environnement façonné par eux depuis des siècles.
https://museehenrimartin.fr/