Issu d’une famille d’artisans ébénistes, Eddy Jeantet a repris le surnom de son grand-père, Gastaboy, tiré du patois languedocien Gastaboï signifiant gaspilleur de bois, et en a fait l’étendard de sa marque de vélo. Dans l’atelier de Villeveyrac (34) où il a grandi, le jeune diplômé des métiers d’art en ébénisterie, qui a plaqué son métier dans le monde viticole, se consacre pleinement à ses deux passions : le travail du bois et le cyclisme.

Vélo de compétition
« C’est en surfant sur les réseaux sociaux que j’ai découvert un vélo en bois : il paraissait fonctionnel mais il était assez inesthétique, se souvient Eddy Jeantet. J’ai donc décidé de me lancer et j’ai fabriqué mon premier modèle, sans vitesse. L’expérience m’a tellement plu que j’ai gambergé pour créer un vélo de compétition avec un cadre bois qui pourrait rivaliser avec le carbone. Avec ce cadre, j’ai gagné un championnat régional sur route. Un premier client m’a contacté et j’ai créé ma société en 2019. » Depuis, le jeune ébéniste a peaufiné son concept en fabriquant des vélos d’exception, véritables bêtes de course mais aussi de design, réalisés entièrement sur mesure pour des clients exigeants, la plupart compétiteurs, à l’image du triathlète, recordman de l’enduroman, Lionel Jourdan. « Chaque projet diffère selon le profil du client, son gabarit, sa pratique sportive mais aussi ses envies, indique Eddy Jeantet. Outre leur passion du vélo, tous mes clients ont un point commun : ils recherchent une histoire, un projet unique, singulier. »

200 heures de travail
Pour la matière première, Eddy Jeantet travaille essentiellement trois essences de bois, françaises et entièrement traçables, rigoureusement sélectionnées en fonction de leurs propriétés intrinsèques et mécaniques, le chêne étant plus rigide, le noyer plus confortable et souple, le frêne plus sportif et agressif. Même exigence pour la conception des cadres. « J’exploite l’excellence et les spécificités des différents métiers du bois, confie modestement le jeune créateur. Pour la mise en tension des fibres, je m’inspire de la lutherie, pour l’assemblage, j’utilise le principe tenon-mortaise et lamellé-collé de la charpente ou de la menuiserie, et ma vision des lignes et courbes se rapproche de la sculpture. À toutes les étapes de fabrication, je reste très pointilleux. »
Une fois poncé, le cadre est verni, ce qui le protège de l’humidité tout en sublimant ses qualités esthétiques. Pour les autres équipements (roues, jantes…), Eddy Jeantet collabore avec des marques européennes reconnues. Au final, la fabrication d’un vélo, entièrement manuelle, nécessite 150 à 200 heures de travail. Prix moyen : 10 000 euros. Quatre modèles ont déjà été vendus et douze sont en précommande. Pas question pour autant d’augmenter la cadence.
« Mes vélos sont garantis à vie. Je veux continuer à prendre mon temps. Je n’ai qu’un objectif : mettre de l’Art dans le monde du vélo et du vélo dans le monde de l’Art. »
Avec son frère, Eddy Jeantet a décidé d’ouvrir un showroom dans son atelier pour accueillir les clients, discuter, grignoter un bout et, à la moindre occasion, enfourcher un vélo pour rider dans la campagne héraultaise.
www.gastaboy.com