Reconstruire sur les ruines d’un patrimoine qu’on croyait perdu. C’est tout le sens d’une grande maison en bois construite au cœur de Fontans, un petit village situé en Margeride, département de la Lozère, à 1 035 m d’altitude. L’atelier d’architecture « Le Compas dans l’œil » (LCD’O), qui en a porté le concept, a remporté le Prix national de la construction bois organisé par l’association professionnelle Fibois, dans la catégorie maison individuelle. Le jury a été séduit notamment par la mise en cohérence de la construction avec les autres maisons du village, ainsi que par le confort thermique obtenu grâce à l’ossature et l’isolation par la laine de bois. Rester à l’intérieur du village a permis d’éviter de contribuer à l’artificialisation du sol alentour, ont également souligné les membres du jury.

Retour aux sources
« C’est l’histoire d’un retour aux sources. Notre cliente est issue d’une famille originaire de la Lozère dont plusieurs membres étaient montés à Paris il y a près de 100 ans, comme beaucoup de paysans de Lozère, pour y travailler », raconte Jean-Marc Priam, dirigeant de LCD’O, dont les locaux sont installés non loin de Marvejols. « Elle a voulu revenir dans le village pour y vivre. Mais la maison dont elle était propriétaire s’était écroulée : elle souhaitait donc en construire une nouvelle, en bois. Elle l’envisageait sur une parcelle du territoire communal. Au contraire, nous lui avons proposé de rebâtir à l’emplacement des ruines encore présentes. Et donc, de rester au cœur de Fontans. Elle a été séduite par l’idée et nous a dit oui. »
Le projet est lancé, et déjà se distingue-t-il des projets de maisons classiques par une phase de conception plus importante. « Pour une maison en bois, il est nécessaire de dessiner de nombreuses pièces avant d’être découpées à la machine numérique par le charpentier. Autre particularité de cette construction : de nombreuses parties sont préfabriquées. Dès lors, la phase de construction est plus courte car elle procède beaucoup plus d’un processus d’assemblage. C’est assez bluffant ! In fine, nous avons gagné environ 20 % en termes de temps », détaille Jean-Marc Priam.

En complète cohérence
Sur le plan esthétique, l’aspect des murs extérieurs tranche avec les pierres de granit des maisons de Fontans. En effet, les façades sont constituées de bardages de bois ouverts, composés de lattes séparées, disposées verticalement et horizontalement. Ce qui leur donne un aspect de treillis. La silhouette générale s’inscrit néanmoins en complète cohérence avec celle des maisons de Lozère, en particulier, celles de Fontans. Sa géométrie et ses volumes sont simples, sa toiture comporte deux versants à forte pente. « C’est une réinterprétation de la maison paysanne de Lozère. On est partis sur l’idée d’une unité de matériaux en bois, alors que c’est habituellement le granit qui est utilisé pour les murs, et de la lauze pour le toit, comme souvent en montagne », précise Jean-Marc Priam.
Ainsi, la charpente métallique est couverte par un bardage en bois de sapin de type « Douglas », qui protège des intempéries sans avoir à subir de traitements. « Au fur et à mesure, le bois va prendre une teinte de gris. »
En matière d’isolation, les architectes ont choisi de la laine de bois pour des propriétés appropriées vis-à-vis du climat local, où la chaleur n’atteint pas les extrêmes des grandes villes du Sud comme à Toulouse ou à Montpellier. « Sinon, nous aurions opté peut-être pour de la laine de chanvre qui est plus adaptée aux fortes températures », indique Jean-Marc Priam.
Le chauffage est assuré par un poêle à granulés, suffisant pour l’ensemble de la maison.
En outre, le bois, également utilisé pour les murs intérieurs, procure une sensation de bien-être car c’est un matériau qui « respire ». « S’il fait trop sec, le bois rejette l’humidité qu’il a absorbée, et inversement, lorsqu’il y a trop d’humidité, il en absorbe une partie. » Avantage substantiel : pendant les fortes chaleurs, la température ressentie à l’intérieur de la maison n’est pas aggravée par une hygrométrie importante.
Si le nouvel édifice est construit à quasi 100 % en bois, une partie utilise tout de même du béton et du granit. Il s’agit des fondations sur lesquelles la maison semble comme déposée. À l’arrière, une base de granit et de béton a également été valorisée pour en faire une grande terrasse.
Un beau projet architectural qui allie modernité, écologie et tradition.