Fabricant depuis dix ans de cadres de vélo sur mesure, Caminade se lance dans l’upcycle en développant un vélo cargo low cost réalisé à partir de vieux cadres. « Chaque année, 1,5 million de vélos partent à la déchetterie où ils sont broyés. C’est d’autant plus dommage que des pièces peuvent être récupérées pour donner une nouvelle vie à des vélos. En phase avec la loi anti-gaspi, notre bureau d’études a travaillé sur la question du réemploi. Comme il fallait apporter une valeur ajoutée sur le cadre pour que le vélo ait une fonction supplémentaire, le concept de vélo cargo s’est rapidement imposé » résume Brice Epailly, cofondateur de la société implantée à Ille-sur-Têt (66).
Récupérés dans les déchetteries, auprès des particuliers ou des collectivités, les vélos sont démontés, les cadres rallongés puis repeints et les pièces d’origine en mauvais état sont changées. Pour l’installation du plateau portant, la société a développé une solution de rupture permettant de déporter la roue avant.
Alors qu’un vélo cargo coûte en moyenne entre 5 000 à 8 000 euros, celui de Caminade, qui a nécessité une quinzaine d’heures de travail, revient à 1 000 euros. L’acquéreur peut, selon ses revenus, bénéficier d’une aide à l’achat de l’État ou de la Région.
Capable de transporter des charges jusqu’à 50 kg, le vélo cargo est également proposé en version électrique

Une freechise nationale
Pour l’heure, Caminade produit en moyenne 3 à 4 vélos par mois mais souhaite monter en puissance. Pour démocratiser la transformation de vélos en cargo low cost, le dirigeant envisage de développer une freechise nationale permettant aux professionnels d’exploiter gratuitement les méthodes de production et le savoir-faire de la marque. Mais ce n’est pas si simple.
« L’approvisionnement reste compliqué car les organismes de collecte de déchets paient une éco-contribution à Ecologic (organisme agréé par l’État – NDLR) qui s’occupe de collecter, broyer et vendre à la tonne. C’est une hérésie car une fois que le vélo est broyé, il faut recommencer à zéro, refaire fondre la matière… Le réemploi est la bonne option, encore faut-il qu’Ecologic ne nous coupe pas l’herbe sous les pieds » se désole Brice Epailly.
En parallèle, le bureau d’études de Caminade réfléchit à une simplification de la livraison du dernier kilomètre dans les villes. « Notre ambition est de développer une économie circulaire autour du réemploi des matières et des utilisateurs. Ce circuit pourrait, par exemple, être alimenté par des personnes [en insertion] qui trieraient les pièces et remonteraient des vélos. Dans notre département où le transport est un vrai frein à l’emploi et où il y a 26 000 bénéficiaires du RSA, notre projet vertueux de vélo cargo me paraît être une réponse pertinente. »
D’ici 2024, l’activité vélo upcycle pourrait représenter 40 % du chiffre d’affaires de Caminade.
caminade.eu